L’origine du blues remise en question !

L’origine du blues remise en question !

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Vous n’aimez pas vraiment le blues ? Cette musique vous semble trop triste, voire déprimante ? Vous lui préférez le jazz ? Le rock ? Le R & B ou encore la country ? Mais, savez-vous que tous ces genres musicaux n’auraient jamais existé si ce n’est le blues ? Que le blues est le genre fondateur de la musique américaine moderne qu’on connaît aujourd’hui ?

Le blues est l'ancêtre commun des musiques d’aujourd'hui, et on pensait bien connaître son histoire jusqu’à récemment, quand un documentaire est venu remettre en question l’attribution de sa naissance aux Afro-Américains !

 

Qu’il soit du dentiste, du businessman ou du dimanche soir, qu’on l’attrape quand la grisaille nous tombe dessus comme une chape de plomb ou qu’on l’écoute, le blues est souvent associé à un sentiment de mal-être, de tristesse et de souffrance.

 

Défini comme une complainte du folklore noir américain au rythme lent, qui est directement à l’origine du jazz, son mode mélodique est caractérisé par l’utilisation des « Blue notes », ( notes qui résultent d’un infléchissement vers le grave des troisième et septième degrés de la gamme majeure). Le blues c’est aussi le cafard, les idées noires et la mélancolie.

 

Même s’il est relié à la souffrance, qu’il y puise l’essence même de son existence, il est important de préciser que le blues ne cause pas la souffrance, bien au contraire, il est un moyen de mieux la supporter, d’y échapper, voire de l’apaiser. Le blues est en quelque sorte son remède et son antidote.

 

Pour mieux comprendre cela, il suffit de revenir sur les conditions de naissance de ce genre musical, et si on a du mal à dater avec précision l’apparition du blues, on peut facilement cerner le contexte dans le quel il est né.

 

Pour cela, il faut retourner vers la fin du 19e siècle et aller dans les champs de coton, dans le Mississippi. Là bas on retrouve les ouvriers/esclaves afro-américains, arrachés à leurs terres d’origine, déracinés physiquement mais aussi culturellement et socialement. Ils effectuaient des tâches très pénibles auxquelles se résumaient leurs journées. Ces ouvriers utilisaient la musique pour exprimer leur détresse et leur désarroi.

 

Au début, c’était un chant a capella, des phrases, des sortes de lamentations syncopées lancées par une personne et reprises en chœur par les autres.

 

Très vite, ces chants ont été agrémentés par les bruits des outils de travail. Ainsi, les gestes étaient rythmés par la musique qui, d’une certaine façon, a contribué à rendre plus supportable la condition de ces ouvriers. Par la suite, l’introduction de vrais instruments de musique s’est faite, petit à petit.

 

Le blues, pas si noir que vous le pensiez…

 

Récemment, un documentaire est venu remettre en question cette certitude de l’attribution de la naissance du blues aux Afro-Américains.

“Rumble, The Indians Who Rocked the world”, est revenu sur les traces des “Native americans” dans la musique moderne, que ça soit à travers leurs chants ou à travers leurs rythmes. Des noms de musiciens d’origine amérindienne sont cités, tels que Charley Patton, révélé par Brian Wright-McLeod, comme auteur et comme le père spirituel du Delta blues.

 

On parle également du guitariste d'origine indienne Link Wray et de son célèbre titre Rumble (qui a donné son nom au documentaire) qui a marqué plusieurs grands noms de la scène d’aujourd’hui. Ces derniers, ont témoigné dans le documentaire, parmi eux, Taj Mahal, Robbie Robertson et même Martin Scorsese. Ce titre a été un déclencheur de leurs carrières et les a poussés à aller vers la musique comme l’a déclaré le grand Iggy Pop.

 

Si elle est révolutionnaire et plutôt surprenante, cette nouvelle reste dans la même logique des choses… l’histoire des Amérindiens est aussi tragique que celle des esclaves afro-américains, elle est faite de massacres, d’injustices et ponctuée d’événements malheureux.

Les Amérindiens ont été victimes d’un véritable ethnocide et n’ont été reconnus comme citoyens américains que 50 ans après les Noirs.

 

Les Afro-Américains et les Amérindiens ont en commun tout un amas de douleur, de racisme et de maltraitances subies à travers les temps. Des tourments qui ont marqué le blues et en ont fait ce qu’il est aujourd’hui indépendamment de qui en a posé la pierre angulaire.

 

Ce documentaire a pour rôle de rendre justice à des personnes dont la contribution a été occultée à travers les siècles, volontairement ou involontairement. Mais, il ne change rien au fait que le blues est une graine qui a besoin d’un sol, une graine qui a absorbé les gémissements, le chagrin et les cris d’injustice de ceux qui ont frôlé le sol où elle pousse. Une graine qui a besoin d’être arrosée par des larmes et des gouttes de sueur d’un dur labeur pour croître, et ça, rien, ni personne ne pourra le changer.